Dans le brouillard…

Non! Non! Ce n’est pas de météo que je vais vous parler mais d’une drôle de bebitte qu’on appelle brouillard cérébral!

(Crédit Photo : Pixabay)

Brouillard cérébral? Kossé ça? Ce sont des troubles cognitifs qui, dans mon cas, ont pour origine la chimiothérapie. Beaucoup de ceux et celles qui ont eu des traitements de chimio en passent par là. Il y a diverses appellations:  chemobrainchemofog ou encore brouillard cérébral.

Comment ça se caractérise concrètement? Des pertes de mémoire, un déficit d’attention (ça, c,est sympa quand on a déjà un déficit d’attention en partant!), des troubles au niveau du langage. Et tout ceci à des niveaux plus ou moins importants.

Dans la vie quotidienne, ça peut créer des situations assez comiques. Par exemple, je chicane mon fils pour je ne sais quelle raison et au lieu de lui donner la consigne appropriée, un mot totalement hors contexte se glisse dans la phrase! L’autorité en prend un coup quand coco se met à rire parce que ma consigne est totalement absurde!

Côté mémoire, c’est pas mal aussi! Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai dû rappeler pour vérifier un rendez-vous car j’avais oublié de noter le jour, l’heure ou le lieu! Ou encore, lorsque j’essayais de lire. Arrivée à la fin du chapitre, j’avais oublié le début!

Et il y a le déficit d’attention! IL peut m’arriver d’écouter quelqu’un me parler et d’être totalement incapable d’assimiler ce qu’il me dit! Ou encore de devoir faire répéter plusieurs fois car mon cerveau « n’imprime » pas l’information. J’entends, je comprends, mais je ne sais pas traiter l’information. Cela amplifie aussi la difficulté de suivre une conversation dans un lieu un peu bruyant! Cela devient très vite épuisant!

Au travail, ça me demande un effort de concentration surhumain, surtout dans les premiers jours suivant mon retour. Épuisement total juste par le fait d’avoir du forcer mon attention pour me remettre dans le bain.

Même si tout le monde vit, à divers degrés, des jours avec ou des jours sans, le chemobrain n’est pas à prendre à la légère. Il peut engendrer une vraie détresse quand la personne qui en souffre n’arrive pas à reprendre le dessus. Il est difficile, parfois, d’avoir à ce point conscience d’être incapable de fonctionner normalement (comprendre ici fonctionner comme avant le cancer).

La première chose à faire est de se donner le temps… d’être bienveillant avec soi-même et comprendre que, même si c’est frustrant (et je suis la première à le reconnaître), il faut donner à son corps et à sa tête le temps de se remettre.

Heureusement, il y a des moyens de s’aider. D’abord, j’ai adopté (et adapté) le principe du bullet journal (je ferai bientôt un billet à ce sujet). Le fait de tout noter et d’avoir à reporter l’information plusieurs fois aide à structurer ses journées, ses tâches à effectuer, etc. J’ai également téléchargé des applications avec des petits jeux de mémoire, de concentration. Puis je me suis remise à la lecture en relisant la série de livres que je connais le mieux au monde: Harry Potter!

Pour la concentration, puisque mon bureau est à aire ouverte (le cauchemar des personnes avec des difficultés de concentration), des écouteurs avec de la musique aident à me focaliser sur mes tâches.

La « bonne nouvelle », c’est que cet effet à long terme des traitements contre le cancer est de plus en plus étudié, de plus en plus documenté et donc reconnu. Bref, s’il est difficile de prévenir ces effets, il est en revanche possible de les limiter et de faire travailler ses neurones afin de réduire la durée des effets jusqu’à un certain point.

Isabelle F.

Pour en savoir plus:

Une réflexion sur “Dans le brouillard…

  1. mdamepanda dit :

    passer des livres aux nouvelles, des nouvelles aux articles, parceque plus c’est long plus c’est compliqué a suivre….
    Trouble cognitif divers et variés mais surtout handicapant…

    Merci d’avoir mis le brouillard cérébral chimioinduit en lumière.

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